PISTEUR SECOURISTE DE FOND, PASSION ET ÉCOUTE
par Joan Francès (Montagnes Au Naturel)
La montagne est un lieu de vacances, mais aussi un lieu de vie et de travail. La neige hivernale induit des métiers spécifiques liés à sa présence. Pisteur secouriste fond, est le métier de Michel Ferrand. Une passion dont il nous révèle les détails.
© Joan Francès
La famille de Michel Ferrand est originaire de Quérigut, petit village ariègeois, à 1000 mètres d’altitude, dans le Donnezan, à quelques encablures du Capcir dans les Pyrénées catalanes. « J’y ai passé toute ma jeunesse, découvrant la montagne et pratiquant le ski. C’est là que je décide de vivre, mais il fallait avoir un métier ». Après une formation dans la maintenance des remontées mécaniques à Chambéry, il est embauché par la station de ski de Puyvalador. Un accident du travail va le mettre momentanément sur la touche. « Remis de cet accident, je suis, en 1984, une formation de préparation au brevet d’État de moniteur de ski de fond organisée par l’ANCEF. Dans le même temps, je passe le pisteur secouriste en ski alpin, que j’exerce d’abord sur la station de Mijanès, puis à Isola 2000 dans les Alpes du Sud ». En 1991, c’est le retour au pays, Michel est embauché par le syndicat touristique du Capcir. L’hiver il est pisteur secouriste sur le domaine de ski de fond, l’été gardien du refuge des Camporells qui appartient au syndicat.
UN MÉTIER PASSION
Michel Ferrand, au départ des pistes du Col de la Llose - © Joan Francès
« Pour exercer ce métier, il faut aimer la neige, le ski, le contact avec les gens. C’est sur cette base que j’exerce mon métier. C’est pour cela qu’il est passionnant ». Une journée de pisteur est diversifiée, intense, parfois stressante en cas d’accident. « Le matin on patrouille sur les pistes pour vérifier le travail réalisé par l’équipe de damage la nuit. Puis, à partir de la station météo installée au départ des pistes, on relève la température, l’état de la neige, la force du vent, la température de l’air. Nous transmettons toutes ces informations à Météo France Perpignan ».
Puis arrivent les fondeurs : il faut les accueillir. «C’est un aspect du métier que j’apprécie particulièrement. Le bonjour, les infos sur l’état des pistes, les dénivelés. Je les conseille, les oriente vers une piste adaptée à leur niveau de ski lorsqu’ils le demandent ». Au-delà de cette action de prévention et d’information du public, il faut aussi réaliser des contrôles des forfaits. « Acheter son forfait est aujourd’hui rentré dans les mœurs. Il y a très peu de fraudeurs ».
LE SECOURS, UN MOMENT CLEF
« En ski de fond, il y a moins d’accidents qu’en ski alpin. Ils sont aussi moins graves : genoux, poignets, épaules luxées, mais aussi des malaises dus au froid ou à un effort mal contrôlé ». Les pisteurs interviennent à l’aide d’un scooter des neiges tirant un traîneau, équipé du matériel de secours. Les accidentés sont pris en charge jusqu’au départ de la piste. Selon la gravité de la blessure, ils font appel à une ambulance pour accompagner la personne au centre médical, ou au SAMU pour un secours médicalisé sur place. « Dans ce moment, la relation que nous établissons avec la personne blessée est fondamentale. Être à son écoute, la rassurer quant à sa blessure et sur la bonne organisation du secours ».
La mission des pisteurs est aussi préventive. Apporter de la neige sur les points délicats et les baliser avec des jalons adaptés, fait aussi partie du métier. La journée se termine par une réunion avec les dameurs. « Nous les informons sur l’état des pistes, les apports de neige à effectuer. Si une piste est dangereuse par manque de neige, nous prenons la décision de la fermer ».
Aimer les gens, être à leur écoute, informer, transmettre, secourir, font pour Michel Ferrand, de son métier, une passion.